C’est le film dont tout le monde parle sur la Croisette. 120 battements par minute, réalisé par Robin Campillo, a toute les chances de repartir avec la Palme d’Or de ce 70ème festival de Cannes.
L’histoire se déroule à la fin des années 90 et suit les militants du mouvement ACT UP qui tente de rendre visible les ravages du sida.
Une jeunesse en colère
Présenté en compétition samedi matin, les festivaliers ne se sont pas encore remis de la projection. Le Grand Théâtre Lumières à Cannes a vu couler bien des larmes. Intime, poétique, politique, les termes ne manquent pas dans la presse pour décrire ce qui pourrait bien être la prochaine Palme d’Or. Pour réaliser son œuvre, Robin Campillo s’est tout simplement inspiré de son histoire. Ancien militant d’Act Up, tout comme son co-scénariste Philippe Mangeot, ils ont souhaité relater ces années où l’AZT et les autres traitements existants permettaient de ralentir le virus du sida sans lever la menace de mort qui pesait sur les séropositifs. Act Up Paris est né en 1989, deux ans après les États-Unis. La mission de l’association, rendre visible grâce à des actions spectaculaires et des slogans inoubliables le combat des malades et l’existence des minorités les plus touchées : lesbiennes, trans, gays, toxicomanes…
Nathan est le personnage principal, jeune homme fraichement débarqué aux réunions hebdomadaires, séronégatif. Il rencontre Sean, militant de la première heure, malade. Parmi leurs faits d’armes, jeter des sacs de sang aux représentants de l’Association française de lutte contre le sida, qui ne fait rien, ou à ceux d’un laboratoire pharmaceutique qui donne plus d’importance aux intérêts commerciaux qu’à la vie des malades, brandir des pancartes « des molécules pour qu’on s’encule »…
La « communauté sida » comme l’appelait Didier Lestrade, grande figure du mouvement, est en marche.
La menace de la mort donne aux membres une force exacerbée, une joie menée par l’hymne Smalltown Boy de Bronski Beat pendant toute la première partie du film. On assiste aussi aux ratés, aux tensions internes, aux conflits rendus cruels par la maladie et l’angoisse. La mort est bien présente, et elle donne encore plus de puissance aux mouvements et aux actions. Adèle Haenel est magistrale.