Culture

Qui était Maurice G. Dantec ?

L’écrivain Maurice G. Dantec est décédé dans la nuit du 25 juin chez lui, à Montréal. Retour sur celui qui racontait la science-fiction comme personne.

L’éternel pessimiste

Des Racines du mal à La Sirène Rouge, Dantec a régalé tout au long de sa carrière d’écrivain des millions de lecteurs. Ses romans de science-fiction teintés d’un profond pessimisme, sa voix singulière qui lui permit de se démarquer et de devenir l’un des écrivains francophones les plus connus du genre laissent orphelins les amateurs d’histoires d’anticipation.

Son premier roman sort en 1993. La sirène rouge, publié chez Gallimard dans la célèbre Série Noire lui vaut le Trophée 813 du meilleur roman francophone. Il raconte l’histoire de la jeune Alice qui porte plainte contre sa mère qui « tue des gens », celle d’Hugo Cornélius Toorop, ancien combattant en Yougoslavie qui tente de vivre sans faire de vagues et leur rencontre qui les mènera à travers l’Europe sur les traces du père d’Alice. Ce polar que les lecteurs ne lâchent pas lance la carrière de Dantec qui poursuivra son œuvre noire avec son chef d’œuvre « Les racines du mal » deux ans plus tard dans lequel l’anticipation et la science-fiction s’invitent au programme. Traduit dans plus de 15 langues, récompensées par le Grand Prix de l’Imaginaire et celui de Rosny aîné, l’un des plus prestigieux pour la science fiction, il inspirera de nombreux autres écrivains et artistes.

Ici déjà il est question d’intelligence artificielle, de réseau informatique à pirater, de profils psychologiques de serial killer. Sans le savoir, Dantec a mis le pied avant tout le monde dans ce qui sera la cybercriminalité. Dans ses romans, toujours, un pessimisme profond, une noirceur et la violence omniprésente qui reflète ses angoisses et l’humanité.

Écrivain engagé

On dit de lui qu’il fut d’extrême gauche, royaliste, catholique, identitaire, fasciné par les nouvelles technologies et inquiet de la décadence de l’Europe. Il soutiendra Bush après les attaques du 11 septembre et affichera son admiration pour Houllebecq en 2013 : « Les Particules élémentaires furent pour moi un choc esthétique. C’est une des meilleures choses qui soit arrivée à la littérature française depuis longtemps. Houellebecq joue sur le terrain du nihilisme schopenhauerien. Moi, je joue du côté de Nietzsche. Nous nous rejoignons sur le fait que le monde est un immense générateur de souffrance ».

Dans son dernier livre paru en 2014, Les Résidents, le lecteur suit Sharon, une jeune Américaine atteinte de schizophrénie depuis un viol collectif et qui sème les cadavres sur sa route. Novak est un immigré serbe coupable d’une tuerie de masse dans son lycée, Vénus est séquestrée par son père pendant 15 ans. Trois destinées qui vont se croiser vers Trinity-Station, centre secret d’expérimentation où se joue l’avenir technologique de l’espèce humaine. Un dernier livre aux douloureux accents de réel qui lui avait permis de renouer avec le roman noir.

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